Koma - Null Positiv

Koma - Null Positiv

          L’envie me vient assez naturellement de vous présenter un groupe allemand formé il y a peu, chantant exclusivement dans sa langue qui m’est chère, et au nom sans équivoque : « Null Positiv ». Comprenez « O positif » comme le groupe sanguin universel, mais aussi « Zéro » et « Plus », soit 0 et +, deux symboles qui composent le signe du féminin ♀, logo du groupe. Et du féminin qui s’assume et qui s’impose, c’est précisément la définition d’Elli Berlin, la front-woman* de ce groupe entre indus* et neo*. Leur affinité avec ces genres de metal se devine d’emblée à leurs visuels à base de dreadlocks et vêtements troués, notamment chez les autres membres (masculins) du groupe, par ailleurs très éclipsés par l’omniprésente chanteuse – comme c’est souvent le cas dans ce type de formation (on pense à Arch Enemy ou Battle Beast par exemple, dans d’autres genres). Difficile d’en savoir beaucoup plus sur le combo par ailleurs, leurs blog et page Facebook étant relativement vides pour le moment.  

            Leur premier album full-length*, « Koma », est sorti en mars dernier. La chanteuse y exploite pleinement les possibilités de sa voix puissante et rauque, aux screams* variés, qui sait aussi se faire très douce en voix de tête comme on le voit sur le titre éponyme de l’album, placé en deuxième position. Cet opus commence par ailleurs un peu en-deçà du niveau de l’ensemble, selon moi, avec un premier morceau dont le principal intérêt réside dans l’esthétique visuelle du clip (https://www.nullpositiv.com/video/null-positiv-unvergessen-official-video/), puis « Koma ».

            Ce n’est qu’avec « Das Virus in dir » que l’on prend pleinement la mesure de l’énergie et de l’équilibre de leur musique. Le morceau commence par une voix masculine parlée, très indus*, qui compare l’être humain à un virus. Le refrain de ce titre, en voix claire, est efficace. Le morceau suivant, « Krieger », est mon préféré – aussi bien musicalement que par sa thématique écologique et apocalyptique : le contraste entre le titre, qui signifie guerriers, et le refrain « Et dans un monde de déchets / Nous sommes les derniers guerriers / Quand (ou « si ») notre poison envahit les mers / Alors il n’y a aucun vainqueur » souligne la vacuité de notre agitation humaine face à la destruction que nous avons plus qu’amorcée. Elli joue ici de sa voix plus « féminine » dans des accents plaintifs, notamment sur le bridge* à 3mn40, pour souligner l’urgence du message. Les riffs* légèrement mâtinés de hip-hop, et surtout les passages de scat* enragés en fin de refrains rappellent furieusement le groupe de référence neo*, Koяn.

            La suite de l’album se tient bien. « Hass » (la Haine), est également très neo* dans sa conception, avec un superbe refrain (« la haine coule dans ton sang ») terminé par un scream* propre qui colle parfaitement au sujet : très libérateur (elle crie justement « libère-toi de la haine ») ! « Monster » est plus rapide et très screamé*, « Unschlagbar » très lourd et imprégné d’électro. On apprécie le bien nommé « Hoffnung ist ein süßes Gift » c’est-à-dire « l’espoir est un doux poison », titre sans concession aux passages proches du hardcore*. « Hundstage » se distingue par sa composition plus travaillée et, si j’ose dire, progressive, et ses délicieux « Genug, ist genug, ist genug ist genug ! » (« Assez, ç’en est assez, c’est assez c’est assez ! ») mi-chuchotés, mi-screamés*, qui donnent un caractère tribal à l’ensemble. « Zukunft ungewiss » a beaucoup de traits communs avec « Krieger », aussi bien musicalement que par sa signification : « le passé doit être laissé derrière, le présent est insensé, le futur est incertain… » une note d’espoir (?) pour les « derniers bastions » qui veulent changer les choses. L’album se termine avec simplicité sur une (un peu trop) longue ballade, accompagnée d’une guitare et de claviers aux accents parfois ibériques, qui monte (enfin) en puissance à partir de 5mn30. Le clip nous permet d’observer à loisir les musiciens habituellement si discrets en-dehors d’Elli (https://www.nullpositiv.com/video/null-positiv-wo-rauch-ist-ist-auch-feuer-official-video/).

            Pour conclure, « Koma » est un album avec de réels temps forts qui ne sont pas toujours là où on les attendrait, et surtout un opus qui a su dans l’ensemble combiner des influences variées pour créer un style propre. Pour la suite, souhaitons tout autant de rage et d’engagement dans leur musique, d’énergie et de maîtrise chez la chanteuse, et peut-être une place accrue, visuelle et musicale, aux autres membres du groupe.

Koma - Null Positiv

*Lexique pour Maman :

"front-woman" : (frontman au masculin) Littéralement "l'homme/la femme qui est devant", leader du groupe, presque systématiquement le chanteur/la chanteuse.

"indus" ou "metal industriel" : Sous-genre du metal qui utilise des synthétiseurs et une musique symétrique, puissante et répétitive.

"neo" ou "neo-metal", ou encore "nu-metal" : Sous-genre du metal né d'une fusion avec le hip-hop et le grunge.

"full-length" (album) : Album de musique de longueur standard, par opposition aux "single" avec un seul titre ou aux "EP", entre les deux.

"scream, screamer" : (littéralement "cri") Terme général pour désigner le chant saturé/guttural utilisé dans le metal extrême.

"bridge" : (littéralement "pont") Passage de transition dans une chanson, souvent différent du reste du morceau.

"riff" : Motif musical qui est à la base d'un morceau de metal.

"scat" : Jazz vocal utilisant des onomatopées.

"hardcore" ou "punk hardcore" : Genre musical lié au punk-rock, caractérisé par sa simplicité, sa rapidité et son chant crié (scream).

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